Dans un monde où la magie existe encore, Kiki, une jeune sorcière de 13 ans, doit partir seule pendant un an pour accomplir son apprentissage et devenir une véritable sorcière. Accompagnée de son chat noir Jiji, elle s’envole sur son balai et s’installe dans une belle ville côtière : elle veut absolument voir la mer !
Mais s’intégrer n’est pas facile : Kiki a du mal à trouver sa place et à prouver son utilité. Heureusement, elle rencontre Osono, une boulangère bienveillante, qui lui offre un logement en échange d’un coup de main dans sa boutique. Kiki décide alors de lancer un service de livraison à domicile en utilisant son balai volant.
Au fil du temps, elle se lie d’amitié avec Tombo, un garçon passionné d’aviation, et avec d’autres habitants de la ville. Lors d'une livraison elle fera la rencontre d'une artiste peintre Ursula qui l'aidera à se sortir d'affaire quand sa livraison tourne mal. Elle aidera Kiki à mieux comprendre ses doutes. Kiki traverse une période de doute où elle perd ses pouvoirs, incapable de voler ni même de comprendre Jiji. Cette perte reflète son manque de confiance en elle et sa difficulté à grandir. Elle devra retrouver sa confiance en elle pour retrouver ses pouvoirs.
J'aime beaucoup Kiki la petite sorcière (oui je les aime tous de toute façon). Elle représente toutes les difficultés qu'on pourra affronter un jour quand il s'agira de trouver notre place. Elle est très courageuse et elle se donne du mal pour réussir ! Malgré tout elle ne pourra pas s'empêcher de perdre confiance en elle, parce qu'elle n'a pas de talent particulier comme les autres jeunes sorcières, parce qu'elle n'est pas non plus comme les autres jeunes filles de son âge, parce qu'elle ne peut pas s'habiller comme elles ... Nous connaitrons tous cette problématique de l'intégration un jour.
J'ai encore plus aimé Kiki après avoir traversé ces épreuves de la vie. On perd confiance en nous, on s'en trouve très triste, perdu, énervé aussi, sans savoir quoi faire pour aller mieux. Il faut faire un long chemin avant de voir quelques lueurs d'espoir. Mais Kiki est bien entourée et elle est bien plus douée qu'elle ne le pense !
Kiki, la petite sorcière n'est pas un film épique. Il se rapproche de Mon voisin Totoro quant au ton et au rythme de l'histoire. C'est d'ailleurs le tour de force que réussit Hayao Miyazaki : faire du quotidien une aventure.
Si l'on se sent si proche de Kiki, c'est parce que Miyazaki a su capturer à merveille ce qui fait les joies et les peines de son héroïne adolescente. C'est également avec une incroyable justesse que le réalisateur retranscrit ses espoirs et ses doutes quant à sa capacité à s'intégrer en lieu étranger. Tous ces sentiments sont ceux qu'a connus n'importe quelle jeune fille cherchant à gagner son indépendance et à s'affirmer.
Chaque spectateur a vécu les préoccupations et éprouvé les sentiments de Kiki lorsqu'il a eu son âge. Combien de films destinés à un jeune public évoquent, par exemple, les longs après-midi d'été durant lesquels rien ne se passe et montre que les choses sont parfois ennuyeuses pour tout le monde, même pour ceux qui possèdent des pouvoirs magiques ? Car, malgré ses pouvoirs magiques, Kiki n'en reste pas moins une fille ordinaire habitée par le même sentiment de torpeur que les adolescents connaissent lorsque le temps semble s'arrêter.
Ce même public comprendra aussi les angoisses soudaines qui peuvent frapper la jeune fille face à l'indifférence générale de la population. Enfin il reconnaîtra ce comportement contradictoire de Kiki rejetant parfois la main que l'on veut bien lui tendre.
Avec une délicatesse infinie, le film remémore aux parents et rassure les enfants sur la gène que l'on peut éprouver lorsqu'on s'installe dans la maison de quelqu'un d'autre, les peurs que l'on ressent lorsque les choses ne vont pas comme on l'avait prévu ou qu'un problème semble sans solution. Les jeunes filles regardant Kiki réussir peuvent espérer, elles aussi, se faire une place dans la société et être reconnue tout en restant elles-mêmes.
Dans Kiki, la petite sorcière, le vol est une triple métaphore, évoquant aussi bien l'indépendance, la solitude ressentie lorsqu'on est différent, que le talent sous toutes ses formes. Ursula, l'amie de Kiki est une artiste-peintre et le tableau qu'elle a réalisé (qui joue un rôle déterminant dans le fait que Kiki parvienne à retrouver sa confiance en soi) a été composé par des élèves d'une école spéciale pour enfants handicapés de la ville de Hachinohe. Il a ensuite été retouché par une équipe du studio Ghibli et Miyazaki a rajouté le visage de Kiki. Il est intitulé "Le vaisseau volant au-dessus de l'arc-en-ciel". Sa présence dans le film et son rôle central dans l'histoire veulent nous convaincre que même ceux dont l'indépendance est réduite à son niveau le plus élémentaire, sont capables, à leur façon, de voler de leurs propres ailes, si on leur en donne l'opportunité et si on les encourage.
Kiki, la petite sorcière est la célébration des personnes ordinaires (les personnages sont tous très attachants) et de la vie de tous les jours.